
Avec Look Out Highway, Charlie Musselwhite signe un retour très attendu et ne manque pas de nous suprendre, encore et encore ! Ce nouvel opus, enregistré au Greaseland Studio de Kid Andersen à San José, Californie, marque une première : c’est la toute première fois que Musselwhite enregistre un album studio avec son groupe de tournée au complet, composé de Matt Stubbs (guitare), June Core (batterie), Randy Bermudes (basse) et Kid Andersen (guitare et production).
Un songwriting affûté
Tout au long des 11 titres originaux, Charlie Musselwhite fait ce qu’il sait faire de mieux : raconter des histoires, à travers des grooves lents et nerveux, des harmonicas expressifs, et un phrasé vocal sans emphase. Pas de guests tape-à-l’œil, pas de solos démonstratifs : ici, l’efficacité prime.
Le morceau d’ouverture, Look Out Highway, s’inspire d’un rythme entendu devant une église de Memphis.
Je n’ai pas choisi « Look Out Highway »… c’est elle qui m’a choisi quand je l’ai écrite. Il y a des années, je passais devant une église à Memphis et j’ai entendu un super rythme utilisé pour un chant. Ce rythme est resté dans ma tête toutes ces années jusqu’à ce que les paroles me viennent enfin.
Plus loin, Storm Warning revisite la vieille métaphore du mauvais temps pour évoquer les désastres affectifs, tandis que Sad Eyes évoque deux solitudes urbaines qui se croisent sans s’accrocher. Le titre Highway 61 est un clin d’œil respectueux à la route mythique du blues et à Dylan, tout en restant ancré dans l’univers de Musselwhite.
Et une mention spéciale à Ghosts in Memphis, où Musselwhite surprend en invitant le rappeur Al Kapone, figure de la scène hip-hop de Memphis, pour un featuring inédit. Une passerelle inattendue entre générations et styles, qui fonctionne à merveille.
Un artisan du blues
À 81 ans, le musicien ne cherche plus à plaire. Déjà honoré par un Grammy Award et 33 Blues Music Awards (respect !), récemment vu dans Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, Charlie Musselwhite ne se contente par de surfer sur sa légende : il continue à l’écrire.

Pas de révolution ici, mais une démonstration de constance. Une voix rocailleuse, un son analogique, et surtout, une sincérité musicale intacte. Musicalement, l’album navigue entre tradition et modernité. Les lignes d’harmonica sont d’une limpidité technique redoutable, les parties de guitare de Matt Stubbs (du groupe GA-20) et Kid Andersen s’entrelacent dans un dialogue fluide, jamais démonstratif.
Matt Stubbs ne cache d’ailleurs pas son enthousiasme et il le dit au micro de Blues Actu Radio.
C’était génial d’être en studio avec Charlie et le groupe ! Je suis avec Charlie depuis 17 ans maintenant, et c’est toujours extraordinaire de faire de la musique avec lui !
Un parcours légendaire
Né en 1944 à Kosciusko, Mississippi, et élevé à Memphis, Charlie Musselwhite est l’un des grands maîtres vivants de l’harmonica blues. Installé à Chicago dans les années 60, il se fait un nom aux côtés de Muddy Waters, Howlin’ Wolf et Little Walter, avant de sortir son premier album, Stand Back! Here Comes Charley Musselwhite’s Southside Band (1967), qui devient une référence du Chicago blues électrique. Sa carrière, marquée par plus de 35 albums et une intronisation au Blues Hall of Fame, fait de lui une figure incontournable du blues moderne.
Sans effets de manche ni volonté de plaire à tout prix, Look Out Highway s’impose comme l’un des albums incontournables de cette année 2025 : un disque racé, profond, libre. Charlie Musselwhite continue de tracer sa route, aussi longtemps qu’il le pourra – et tant mieux pour nous !

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